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Page:Yver - La Bergerie.djvu/176

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âme obscure des choses nouvelles. C’était si exquis, à bien y réfléchir, ce qu’elle faisait là pour lui ! Comme on sentait déjà un cœur de femme, discret et dévoué sans le savoir. Et il remémorait ses paroles qui s’illuminaient maintenant pour lui : « Que voulez-vous ! il n’y a pas de maître ici. » Elle lui avait montré les terres mal soignées, les champs maigres, la déchéance lente et navrante du bien de ses aïeux, comme dans une invite délicate à venir y reprendre sa place.

L’avenir arrangerait tout, sans doute, et insensiblement il en arrivait à voir en elle la fiancée fatale, la petite fiancée enfant que d’invisibles liens pâles, exempts de passion, lui attachaient déjà, à laquelle sa destinée le liait. Il avait jusqu’en frôlant les murs de la maison des impressions nouvelles ; la Bergerie avait, pour le reprendre, des gestes si insidieux ! Il se sentait chez lui ; il avait le sens d’une tranquillité, d’une installation définitive. Ce mariage lointain avait quelque chose de convenu, de régulier, une sévère sagesse qu’il n’avait guère rêvée ; mais il y acquiesçait à son insu, avec plus de mélancolie et de résignation que de joie, et une arrière satisfaction inavouée de calme.

Camille fut invisible jusqu’au dîner du soir, qui était un grand repas offert aux châtelains des environs. Il était sept heures ; les invités