Page:Yver - La Bergerie.djvu/237

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Et il l’aurait volontiers prise dans ses bras, tendrement baisée ainsi qu’il avait vu M. de Marcy en agir avec Laure, n’eût-ce été que pour se donner une contenance, gêné et embarrassé comme il se sentait devant elle. Mais elle eut dans tout son air une inquiétude, une méfiance qui la lui déroba. Ils se saluèrent cérémonieusement. Elle souriait toujours, mais on ne plongeait plus dans ses yeux comme autrefois, et ce qu’elle pensait, nul n’aurait su le dire. M. de Marcy vint ensuite. Il serra les mains de Frédéric avec une énergie dont celui-ci comprit la signification. Puis, actif et vif comme toujours, il fit charger les bagages du voyageur, reprit les guides, et laissa Frédéric et Camille monter ensemble.

Silencieusement, le jeune homme contemplait de regards furtifs sa voisine. Son corsage de toile flottante révélait son corps aminci, diminué ; la vigoureuse santé d’autrefois ayant faibli sous un trop lourd fardeau moral.

« Vous avez eu de la peine à vous décider, Frédéric, dit-elle à la fin, la voix légèrement altérée de rancune.

— Ah ! Camille, si vous saviez ce que la vie est difficile parfois, et ce que j’ai dû lutter pour venir passer avec vous ces vacances !

— Vous passez avec nous ces vacances seulement ? » dit-elle très froide.