Page:Yver - La Bergerie.djvu/70

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femme de trente ans, relevée comme une draperie de fenêtre par une série de petits nœuds sur toute la ligne des boutons, et faisant, par derrière, l’ébauche de ce chiffonnage atroce qui dut s’appeler « pouf » quelques années plus tard. Paris alors, c’était pour elle, tangible et extériorisée, la vie de son jeune frère ; il y faisait son droit, il l’aimait avec passion ; on lui devinait là une attache amoureuse, inconnue, inquiétante ; ç’avait été un ensemble d’impressions confuses que la vieille provinciale retrouvait ici, intactes depuis sa jeunesse. Dire qu’elle y revenait aujourd’hui, à ce Paris, pour lui restituer le fils de cette malheureuse créature !…

« La Chambre », murmura Frédéric en montrant le portique grec qui apparaissait.

Elle rectifia :

Ah ! oui, le Corps législatif. »

Comme son père, l’ancien marquis, elle n’avait jamais dit autrement.

Cette matinée, elle présenta Frédéric chez le petit-fils de son parrain, le même qui fut ministre sous Charles X. Il lui semblait devoir retrouver là un enfant qui lui ferait fête. Elle vit un homme mûr, cérémonieux et ennuyé, banquier de son état, qui lui déclara poliment ne Pouvoir rien faire pour son protégé. Cette première déconvenue la mortifia cruellement sans qu’elle en fit rien paraître. Ce fut ensuite