Page:Yver - La Bergerie.djvu/97

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Rosine ! ce seul nom était si charmant ! Et il faisait un parallèle entre cette petite créature. pétrie de finesse et de goût, ce profil de bijou italien auquel la photographie donnait des reliefs vaporeux de lumière, et cette grosse poupée de Camille, dont un large ruban nouait avec peine la taille épaisse. Elles étaient sans doute du même âge, et il sentait en celle-ci les gracilités, les ombreux sourires, jusqu’au mystère muet des lèvres de la femme. Les rusticités de la campagnarde faisaient ressortir les grâces de la Parisienne.

Un de ces soirs, comme on l’avait prié de rester à dîner, et que Beaudry-Rogeas attardé ne rentrait pas encore, il se trouva en tête à tête, dans la salle à manger où il attendait le maître de céans, avec Chapenel. C’était la première fois qu’ils se voyaient seuls. Étendu dans son fauteuil devant la cheminée, le premier secrétaire grattait du bout de son soulier carré l’entablement du marbre. Debout près de lui, Frédéric considérait le jeu des flammes dans les bûches.

Chapenel tira sa montre.

« En retard, en retard aujourd’hui, notre ami.

— Tout est permis aux grands hommes, releva Frédéric naïvement.

— Vous dites cela en riant, je pense ? fit Chapenel en se retournant vers lui, le regard vif.

— Je ne ris pas. Je dis : tout est permis aux