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Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/44

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IV

Le petit Pierre Arbrissel entrait dans la vie comme dans une voie sacrée sous la projection lumineuse du génie paternel.

Ce fut un bébé ravissant, aux boucles brunes, mais dont les cils sombres filtraient l’éclat métallique des yeux d’azur qu’il avait pris comme de forée à sa mère, la blonde Annie. Ce rapt contrariait les prétentions puériles du jeune père qui professait qu’un fils doit constituer comme une continuation de l’être procréateur. Tout ce qu’il retrouvait de soi-même dans ce petit d’homme encore inconscient, tous les signes particuliers qui le marquaient déjà et semblaient chez lui un don paternel, comme la nature de sa chevelure bouclée, la sensibilité précoce qui le faisait éclater en cris ou pleurer de lourdes larmes silencieuses pour un mot vif, tout ce qu’il pouvait avaliser dans ce chèque humain, il le portait à con avoir avec une voracité d’avare. Quand l’enfant sortait dans sa voiture de vannerie montée sur roues de bois et poussée par la nourrice quimpéroise qui, coiffée aujourd’hui d’un