Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/51

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jusqu’à demander au petit Pierre s’il voudrait bien lui faire don d’un de ses essais qu’elle dénommait avec une politesse de grande dame « vos pastels. » « Ce sera plus tard, ajoutait-elle, quand il deviendra célèbre comme son père, un document de haute valeur ! » Hyacinthe rit de tout son cœur à cette pensée de : « Pierre Arbrissel, fils et successeur de son père » comme il disait. « Je suis honteux, Madame, ajoutait-il en voyant la bonne Maréchale lisser du bout de son gant le chiffon de papier, je suis confus d’un tel présent. Veuillez le pardonner à l’âge de ce jeune artiste. — Laissez, laissez, reprenait-elle ; petit artiste deviendra grand ! » Et elle vit le regard du père fuir comme sur un horizon infini que l’on scrute. Le masque d’Arbrissel prit alors tout à coup cette expression du vertige qu’on a aux tournants dans la montagne quand, à angle aigu, la route oblique et que la ligne droite choit dans l’abîme. « Ces artistes sont bien sensibles, pensa-t-elle avec sympathie ; les menaces que l’avenir contient pour tous leur sont plus tangibles qu’à nous autres, simples mortels. Il vaut mieux les maintenir dans le présent dont ils ont déjà tant de peine à jouir… »

Quand le petit Pierre eut sept ans, ses parents s’accordèrent pour le confier aux Pères dominicains de Neuilly. Ceux-ci auraient préféré qu’il fût pensionnaire, alléguant l’éloignement de leur établissement aux confins de Levallois. Mais quand la douce Annie, qui s’occupa de ces trac-