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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/153

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Et tous deux ardents, exaltés, ils évoquèrent jusqu’à la nuit le Roi de la cité future idéale et bienheureuse.

La délégation des industriels d’Oldsburg vint, en effet, au palais pour obtenir une modification aux décrets de protection. Sept messieurs corrects montèrent, vers trois heures de l’après-midi, l’escalier monumental des appartements royaux. Mais ils ne virent point Wolfran. Le duc d’Oldany, en sa qualité de secrétaire personnel de Sa Majesté, les reçut. L’entrevue fut secrète. Elle se prolongea deux heures, dans la salle des petites audiences, sorte de parloir monacal aux murs blancs, hérissés de trophées marins. Fragile, menu, en veston court, le duc Bertie écouta d’abord impassiblement les doléances des grands filateurs, qui venaient, statistiques en main, lui faire toucher du doigt leur ruine imminente. À la fin, tous parlaient à la fois, lançaient des chiffres, déclaraient ne plus vouloir risquer d’énormes capitaux sans espoir de bénéfice, se plaignaient de la grève, des exigences ouvrières, furieux au fond de ne voir qu’un intermédiaire au lieu du maître, et se montrant d’autant plus fermes que, devant leur tapage, le flegmatique étranger se taisait. Quand ils furent las de récriminer, monseigneur Bertie prit la parole de sa voix fluette et singulière qu’accompagnaient le geste tranchant et le regard bleu d’acier, insoute-