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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/160

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toutes essences dressaient leurs cônes majestueux. Le lac apparaissait dans un vaporeux lointain. Tout alentour les bois étincelaient de givre. Les roues glissaient sans aucun bruit. Enfin la calèche s’arrêta devant le portique. L’archiduchesse demanda :

— Donnez-moi votre bras, Clara ; le roi serait fâché si l’on s’apercevait que je boite.

L’amie Bénouville parut un peu contristée de cette faveur accordée à l’unioniste. On franchit le vestibule dit « des Muses » à cause des statues mythologiques dont il était peuplé, et toutes les dames se trouvèrent bientôt réunies dans le vestiaire, une vaste salle pleine de glaces où elles ajustèrent leurs toilettes.

Quatre dames d’honneur s’empressèrent autour de la reine. Elle était en satin mauve, avec un dessus de point d’Angleterre. La grande maîtresse de Sa Majesté et la grande maréchale en damas rouge donnaient le ton du cérémonial. Il y avait là aussi les deux vieilles sœurs du roi Wenceslas, les douairières de Hansen, tantes du roi, de Géo et de Lina : deux figures parcheminées et pareilles, pleines de morgue, et qui semblaient accabler de leur mépris jusqu’à la reine. Elles avaient des robes de velours noir ornementées de broderies d’argent. La duchesse de Saventino, gaie comme une folle, et qui écrasait son rire dans un mouchoir de dentelle, dit à Wanda :