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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/164

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duc Abélard Poltaw, grand chambellan en colonel des hussards gris, le duc de Saventino, mari de Lina en officier de l’armée italienne, le comte Austather, chef de la maison militaire en général, puis les six aides de camp de service près du roi. Et encore le grand veneur, le grand échanson, en officiers d’état-major. Ces draps rouges, verts, gris, blancs, l’or des aiguillettes, les brochettes de décorations qui étoilaient de diamants les poitrines, ces chamarrures, ces broderies d’argent, ces galons, ces épaulettes multicolores, tous ces visages hermétiques et figés ne composaient qu’un cadre splendide à la figure du roi. Grand, imposant, la démarche harmonieuse, le port de tête légèrement impérieux, il s’avançait maintenant vers la reine : derrière lui les princes et les courtisans réglaient leur pas sur le sien et les saluts commencèrent. Le chassé-croisé se faisait lentement, comme rythmé à une sorte de cadence fixée au préalable. C’était pour Clara la révélation d’un monde inconnu dont elle ne serait jamais. Elle n’analysait plus, elle sentait. Elle sentait une atmosphère différente, des êtres nouveaux, distants d’elle, convenables à leur milieu. Leur retenue, leur attitude, leur harmonie, leur élégance, tout se complétait. L’arrogance des douairières devenait hiératique, la hauteur de la grande maréchale s’accentuait en beauté. Et ces hommes et ces femmes, en leur magnificence d’élite,