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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/212

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compris que les paresses de mon esprit étaient coupables. J’ai recommencé à travailler avec une sorte de fièvre.

L’archiduchesse s’efforça de sourire.

— Vous créez la houille verte, celle que vous prophétisiez à l’amphithéâtre la première fois que je vous ai vue… Grâce à vous il n’y aura plus de grèves, plus d’émeutes, plus de misère méchante et jalouse… Il serait temps que vous nous la donniez, Clara, la houille verte, la houille inextinguible !

La savante, sans remarquer l’émotion extrême de la jeune fille, continua :

— Ce n’est pas moi qui la donnerai, d’autres viendront après moi finir l’œuvre ; mais, en attendant, je dois lui apporter ma contribution tout entière ; il faut isoler le thermium ; je tâtonne, j’essaye ; tous les réactifs y passent. Ce matin, un ballon d’acide m’a éclaté dans les doigts…, voyez ma blouse…

— Clara, demanda l’Altesse, vous ne croyez pas qu’il y ait dans le peuple des forces plus terribles que dans la matière inerte ?…

— Tenez, répliqua la chimiste, qui n’entendait point, regardez ces résidus dans le creuset : c’est du thermium cristallisé. Rien ne l’attaque…

— Clara, interrogea encore la jeune fille, n’avez-vous point vu Ismaël Kosor ces jours-ci ?

À la vérité, Clara Hersberg, la veille, avait reçu du meneur un billet passionné et incohérent où