— Tout cela ne nous dit pas s’il faut arrêter mademoiselle Hersberg.
— Estimez-vous, monseigneur, que je sois dangereuse pour l’ordre établi ?
— Quand une personne de votre valeur professe une opinion, elle est toujours dangereuse pour ses adversaires, mademoiselle.
— Je suis unioniste, dit-elle, se reprenant à sourire.
— Évidemment, dit le duc, dont la bouche exprimait toute l’ironie et tout le scepticisme où il excellait.
— Je suis la fille de cœur du docteur Kosor.
— Nous le savons.
— Je suis engagée au meneur qui est en exil sous la menace d’une arrestation.
— C’est encore acquis.
— J’ai alimenté la grève de mon argent.
Elle le déclara fièrement, poussée par un étrange besoin de franchise et d’abandon.
— Nous ne doutions pas que la femme généreuse et sensible que vous êtes en eût agi ainsi.
Elle passa lentement la main sur son front.
— Et je sais tout de l’Union… les noms, les règles, les projets.
Aussi nous garderons-nous de vous interroger.
Elle dit encore, et ses beaux yeux s’emplirent de larmes :
— La maison que j’ai héritée de mon père