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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/255

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colonies lithuaniennes en Océanie et accomplir un voyage d’études au Japon. Sans doute s’agissait-il de préparer un traité de commerce, peut-être aussi d’établir une ligne de navigation régulière entre le Japon et les îles lithuaniennes ; mais il s’agissait surtout de briser le dernier lien entre deux cœurs si pleins l’un de l’autre.

— C’est fini, répétait-elle, je ne le reverrai plus…

— Vous le reverrez, au contraire, pauvre petite Altesse, disait Clara, cette croisière ne sera pas éternelle.

— Elle ne sera pas éternelle et Géo reviendra, mais alors moi je n’aurai plus le droit de le revoir.

Clara comprit qu’une archiduchesse n’est point libre de sa personne, que cette jeune fille supérieure, malgré l’originalité de son esprit, sa forte vie morale et les tendresses passionnées de son cœur, serait offerte comme une prime d’État et au gré des intérêts publics à tel ou tel prince indifférent. Elle n’était qu’une captive. On l’arrachait à l’homme qu’elle aimait pour la donner ailleurs, mais à qui ?

— Ah ! Clara, disait-elle, et c’était pitié de l’entendre expliquer ainsi sa misère, ce ne serait rien que de perdre Géo si j’avais au moins le droit de garder son souvenir.

— Je comprends, fit l’unioniste indignée, on fera trafic de votre amour et le don de vous-même