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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/278

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Clara, étonnée, la vit s’avancer lentement, vêtue. de sa robe la plus magnifique, qui chargeait de lourdes guipures ses hanches délicates, ses membres longs et fins de vierge antique. Ses cheveux mousseux et pâles ressemblaient à de la lumière. On ne pouvait lire qu’une suprême joie dans son visage. Ses yeux se fixèrent sur son prince. Elle venait à lui joyeusement, comme pour des noces, et, sans doute, voulait-elle se donner à elle-même l’illusion de cette bienheureuse comédie. Ses prunelles exprimaient une gravité singulière, presque solennelle, mais ses lèvres sourirent et prononcèrent tendrement :

— Géo !

Ils vinrent l’un à l’autre ; leurs mains s’étreignirent et ils s’entre-regardaient sans rien dire.

— Oui, regardez-moi, murmura enfin Wanda d’une voix singulière, emportez mon image, emportez-la en vous, qu’elle fasse partie de vous-même. Pour moi, je sais bien…

Mais son effort stoïque avait été trop grand ; sa nuque d’un blanc de lait ploya, son front s’abattit sur la poitrine du jeune homme, elle soupira dans un sanglot :

— Prends-moi dans tes bras, prends-moi et serre-moi très fort ; jusqu’à me faire mourir.

Mais, dès qu’elle sentit les jeunes bras de Géo ployer et briser sa taille, elle se redressa, le repoussa, et s’apercevant que Clara les avait laissés seuls, elle la rappela.