Aller au contenu

Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ministres, le grand maréchal d’État et jusqu’au roi lui-même. Un jour, une bombe éclata place Royale, devant le palais de la Délégation. Personne ne fut atteint. Il n’y eut que quelques vitres brisées. Un engin fut également trouvé un soir, dans la grande rue du faubourg, humecté par l’eau du ruisseau. On supposa qu’il avait été placé maladroitement sur le parcours de l’automobile royale, durant l’après-midi, et que le chasse-pierre d’un tramway l’avait repoussé Ces incidents ravivèrent dans l’entourage de Wolfran le sentiment du danger qu’il courait. L’idée de l’attentat possible obsédait les imaginations. Chaque fois que le moteur du coupé royal ronflait sous le porche, emportant le souverain dans un grondement de menace, l’anxiété oppressait les cœurs. N’allait-il pas à la mort ?… Et Clara guettait son retour.

Elle lui dit un jour :

— Votre Majesté devrait s’abstenir de ces promenades, pendant quelques semaines au moins.

— Pourquoi ? demanda-t-il, sincèrement étonné.

Elle lui parla du péril que de misérables fous suspendaient au-dessus de sa vie.

— J’ai peur pour Votre Majesté, murmura-t-elle.

Il sourit, la remercia, la regarda. Elle était vraiment angoissée, ses beaux yeux agrandis par l’inquiétude. Et la sollicitude de cette roturière lui fut douce.