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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/340

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Des larmes brillèrent et soulevèrent ses paupières closes ; et avec sa limpidité accoutumée elle essaya de s’expliquer elle-même :

— Je suis émue, Sire, d’entrevoir ainsi votre jeunesse. Ah ! vous aussi, vous aussi, vous avez aimé la pauvre humanité, comme moi !

— Je l’aime encore, reprit le roi, gravement. Elle buvait son récit avec docilité, avec délice. Mais elle était avide maintenant de connaître toute l’évolution de Wolfran. Puisqu’il l’éclairait et qu’elle le suivait comme un astre conducteur, ne lui devait-il pas toute sa lumière ?

Alors, avec la joie de la dominer si visiblement, il conta la crise redoutable qui avait ébranlé sa jeunesse, depuis le jour où, déjouant toute surveillance, il s’était rendu à l’un des clubs communistes qui remplissaient alors Oldsburg, jusqu’à cet autre jour où le plus inattendu des événements lui avait restitué, définitivement imposé, toutes ses hérédités.

— Le soir où j’allai l’entendre, disait-il à Clara, le docteur, en parlant, abaissait les yeux sur moi. J’aurais voulu qu’il me reconnût au milieu de cette assistance frémissante, pour mieux triompher en découvrant un fils de roi parmi ses disciples. Mais il ne se doutait de rien et se contentait de me sourire comme à son élève le plus attentif. Ayant à fendre la foule en quittant l’estrade improvisée, il s’appuya sur mon épaule en m’adressant un mot amical, et je tressaillis de