Page:Yver - Le Vote des femmes.djvu/48

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— Il viendra, affirmait madame Legrand-Maillard.

— Oui, mais ilarrivera en retard, concluait Bernard.

Le soleil était sans lassitude. À midi, de la terrasse on voyait l’arc si sensible de la plage de Cannes avec son front oriental de villas crayeuses bouger dans la lumière, et des voiles blanches, seules taches dans le bleu universel, rentraient au port.

Dès quatre heures, des orchestres éclataient dans les thés, dans les pâtisseries, dans les restaurants. De-ci, de-là, on attrapait au passage une rentrée langoureuse de banjo, un accord grave de violoncelle. Et la société anglaise déferlait sous la Croisette : des jeunes femmes, fleurs d’aristocratie, gainées de tailleurs blancs, des vieillards au profil byronien, à croire que toute la Chambre des pairs s’était déversée sur ce petit kilomètre de promenade mondiale, — et ne manquaient pas non plus ces demoiselles britanniques toujours âgées, toujours deux par deux. Le soir, le Casino s’allumait comme un incendie.

Madame Legrand-Maillard mit sous les yeux d’Hubert la photographie dégradée, stylisée d’une jeune fille en blouse de tennis.

— C’est l’Enfant de Marie que vous destinez à Bernard, paria Hubert.