Page:Yver - Les Cervelines.djvu/262

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prit inquiet du diagnostic à faire, la tête pleine des atrocités de la maladie dont il était le perpétuel témoin. Mais aujourd’hui il avait à causer. Elle le précéda donc, par l’escalier tournant de l’arrière-boutique, vers l’appartement splendide du second qui dominait le fleuve. Il y avait là un salon meublé de fauteuils Louis XIII et de tapisseries, dont les trois fenêtres commandaient un balcon sur le quai ; mais on ne l’ouvrait que le dimanche, et dans la semaine il y avait aux dossiers des fauteuils des housses de coutil, des mousselines camphrées à même les tapisseries des tentures, et des voiles de gaze sur chaque bibelot. Madame Cécile mena son fils dans une petite pièce d’angle qu’elle appelait commercialement son bureau, et qui était à la vérité le plus coquet des boudoirs. Elle y possédait une sorte de bonheur-du-jour moderne en marqueterie fine, qui valait bien des paires de bottines. Il portait quatre ou cinq photographies du jeune docteur à l’âge où Jean était encore l’enfant dont il avait toujours gardé la finesse et le regard. Sa mère le fit asseoir devant ce meuble sur une chaise de damas rose ; elle était à son fauteuil.

— Papa n’est pas ici, dit-il, je le regrette ; j’aurais eu besoin de vous deux.

— Tu as encore des dettes ? demanda la mère sévèrement.

— Non, je n’ai plus de dettes, je vous l’ai déjà dit, je gagne de l’argent, au contraire. Et c’est à cause de cela que je peux et que je veux maintenant me marier.

— Ah ! fit seulement madame Cécile qui, pour cacher son trouble serra ses lèvres où naissait