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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/29

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II

Le docteur Jean Cécile, prêt à partir, ouvrit les fenêtres de sa chambre. Il demeurait au second, et voyait en face de lui s’élever les hautes murailles de l’archevêché. La rue était profonde et humide, mais le ciel brillait de splendeur printanière, et il sentait bon dehors. Cécile venait souvent à ce balcon, peu gêné par le voisinage de l’Éminence qui logeait en face, et il pensait, plus qu’il ne rêvait, à mille choses diverses ; il pensait à cette vie mystérieuse murée derrière les fenêtres grillées de l’épiscopal, au vieillard en robe rouge, repu d’honneurs, excédé de louanges, prince plébéien, apôtre chamarré, impotent et autocrate, qui finissait sa vie dans la solitude grandiose de ce triste palais. Il pensait à d’autres choses absentes de là, à son enfance : combien de fois, petit garçon, sa mère l’avait promené, le dimanche dans ce quartier qui était, aux jours fériés, l’un des plus passagers de Briois ! Il pensait aux douze années passées à Paris, à ce qu’il avait souffert.

— Oui, je leur en veux, répondit-il mentalement à la question que lui avait faite Tisserel