Page:Yver - Les Cervelines.djvu/325

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regard ; elle se redressa, ils se relevaient avec elle ; elle s’éloigna du lit, ils s’en écartèrent ; elle allait se retourner, devinant son silence, et le voir, et le comprendre…

Elle ne se retourna pas ; elle était allée prendre sa cape, et elle s’habillait, paisible et lente, devant l’armoire à glace. Quand elle fut prête, elle dit :

— Mademoiselle, je reviendrai vous voir bientôt ; je voudrais que le docteur vous donne du lait et des œeufs crus en grande quantité.

Tisserel fit un signe de tête qui voulait dire : oui.

— Et puis je vais vous indiquer une petite potion qui vous fera un bien infini, si le docteur permet.

Tout en parlant, elle crayonnait sur une feuille de son calepin le nom d’une drogue qu’elle tendit à Paul en lui demandant ce qu’il en pensait. Elle était parfaite de sérénité, d’aisance, et aussi de tact pour illusionner Henriette sur l’importance qui pouvait encore être dans un remède. Tisserel fit de nouveau le geste d’approuver ; il ne parlait pas ; il ne pouvait rien dire.

Une dernière fois, elle embrassa Henriette qui ne voyait plus rien, trop faible pour soutenir la moindre contention d’esprit, puis partit.

Paul l’escortait. Dans l’antichambre, une fois la porte d’Henriette refermée derrière eux, il balbutia :

— Vous avez entendu ce qu’elle a dit ?

Elle fit :

— Vous consoler ? Comment le pourrai-je ? Vous n’avez pas voulu que nous continuions