fois, et deux d’entre elles, qui servaient chez madame Martin d’Oyse mère, m’entraînaient ensuite aux cuisines du château, où nous bavardions à l’aise. Un dimanche, je vois arriver la châtelaine. C’était une dame un peu haute et expédiente en affaires. Elle m’ordonne de venir avec elle et me conduit dans la salle de billard, où je verrai toujours monsieur Xavier, debout devant une fenêtre, tordant sa moustache blonde, l’œil si triste que, si je n’avais pas lu dans son cœur, je me serais demandé quel mal le rongeait. Là-dessus madame nous laissa seuls. J’ai toujours cru qu’ils venaient d’arranger l’affaire entre eux deux et que l’idée ne venait pas de monsieur qui était bien trop doux pour avoir imaginé un si grand moyen. Mais le voilà qui me dit, oh ! si poliment, mon Dieu !
« — Mademoiselle, vous n’ignorez pas que j’aime votre maîtresse et que je l’ai demandée en mariage. Je sais le cas qu’elle fait de vous et qu’elle ne vous a pas caché notre situation, ni le désespoir où me met le refus de ses parents.
» — Monsieur, lui dis-je, mademoiselle en a autant de chagrin que vous, car je la vois pleurer sans cesse. »