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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/136

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sculpturale, s’avançait, laissant derrière elle un parfum de poudre de riz. Dans les salles d’audience, on découvrait à foison les visages amis ; les larges manches s’agitaient en d’interminables. poignées de main. C’était Fabrezan flânant au banc des jeunes ; c’était Blondel dont l’affaire devait venir au rôle ce jour-là, c’était Ternisien qui arrivait essoufflé, un doigt d’hermine à l’épitoge, — l’insigne des avocats d’assises, — pour demander au tribunal de ne l’entendre qu’à huitaine.

Et tout ce monde, à deux heures, se retrouvait dans le grouillement de la salle des Pas-Perdus. Là, c’étaient les arrivistes séchant de dépit lorsque apparaissait Vélines, dont la prompte réussite les alarmait, et dont ils dénigraient le talent à voix basse. C’était la poussée curieuse et envieuse se faisant autour du confrère qui a « décroché » le procès convoité : les questions indiscrètes, les « blagues » habiles pour lui faire ouvrir sa serviette, montrer le dossier, déflorer sa défense ; et c’était, malgré toutes les rivalités, la grande solidarité, le groupement colossal de tout l’Ordre, avec son esprit de corps si fier, si puissant.

Puis, la suspension finie, quand la salle bourdonnante se vidait, et que les avocats dispersés rentraient aux chambres comme les abeilles à leurs alvéoles, Vélines et Henriette se séparaient aussi, plaidant souvent aux deux ailes opposées du Palais, lui au civil, elle au criminel. Ou bien