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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/230

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procès de madame Marty soit curiosité, soit snobisme, les femmes du monde s’étaient engouées d’elle et réclamaient son avis dans mille circonstances. Veuves, divorcées, vieilles célibataires, toutes celles à qui la direction du mari faisait défaut, ne se décidaient pas à contracter un bail, à vendre un immeuble, à transiger avec un fournisseur trop exigeant, sans s’adresser d’abord à l’avocate en vogue… Et des femmes mariées, et de celles qui ne l’étaient pas, surtout, que de confidences elle recevait !… Que de romans d’adultère se déroulaient sous ses yeux ! que de trahisons, d’abandons, de fautes secrètes !… »

Ah ! si la grand’mère soupçonnait les histoires qui se racontaient tous les jours, de quatre à six, dans le grand cabinet de la place Dauphine, que dirait-elle, grand Dieu !

— Il est certain, ma bonne Henriette, repartit madame Mansart un peu assombrie, — que c’est une bizarre atmosphère pour une toute jeune femme.

— Bah ! grand’mère, à vingt ans déjà j’en entendais de toutes sortes, et je ne suis pas encore pervertie. Tout dépend de l’oreille avec laquelle on écoute, croyez-le !… Puis j’ai la chance, par-ci, par-là, d’accomplir une bonne action. Telle que vous me voyez, j’ai préservé du vitriol plus d’un visage d’amant lâcheur ; j’ai calmé l’exaltation de mainte jouvencelle séduite,