Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/233

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— Voyez comme ces personnes sont ignorantes, mon pauvre Narcisse ! Évidemment, madame Vélines est très savante ; mais vous devez bien comprendre que son mari, qui connaît le latin et le grec, qui a fait quinze ans d’études et des voyages partout, qui a plaidé devant les tribunaux des procès retentissants, en sait encore beaucoup plus qu’elle.

— Pour sûr, répéta le valet convaincu ; mais ces personnes sont ainsi : c’est madame qu’il leur faut…

Au dîner, avec sa candeur coutumière. Henriette récapitula le nombre des clientes qu’elles avaient reçues. Et elle ajoutait d’un air malicieux :

— Ah ! si je pouvais répéter ce que l’une d’elle m’a conté !…

Madame Mansart jugea ce rôle de confidente, de conseillère, en désaccord avec le caractère enjoué de la jeune femme. Au contraire, orgueilleusement, elle observait son petit-fils. Bâti comme un chevalier d’autrefois, le front grave, l’œil rêveur, il semblait marqué pour ces joutes de la pensée, de l’adresse judiciaire, où il passerait maître au Palais. Et elle songeait :

« Ces Parisiennes sont des sottes. Comment peuvent-elles préférer les avis de cette petite fille à ceux d’un homme comme André, qui porte en lui le signe de toutes les forces ! Ces femmes n’ont point de bon sens, pour s’abaisser par