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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/273

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correct, lucide, pondéré comme à l’ordinaire, en homme qui se possède toujours. Henriette rentra de Passy très bouleversée, plus occupée de la douleur de Suzanne que de rien autre. Ils dînèrent. Henriette conta que la pauvre femme ne projetait rien moins que de se sauver en emportant le petit. André soutint qu’elle prendrait son parti de l’arrêt, comme toutes les autres mères en pareil cas ; et il fît honneur au repas, qu’il trouva exquis.

Cependant, le soir, comme il s’était enfermé dans son cabinet, Henriette entendit un fracas de choses brisées et vint voir en hâte ce qui se passait. L’écritoire était à terre, en plusieurs morceaux ; l’encre gisait en flaques sur le tapis, et les feuilles éparses d’un dossier trempaient dans les petites mares mordorées.

— Qu’est-il arrivé, mon Dieu ! interrogea-t-elle.

Et il expliqua sa maladresse : un geste brusque pour saisir le bouton d’un tiroir, sa manche accrochant le couvercle de l’encrier, etc.

Elle alla sonner pour qu’on vînt réparer le désordre. Les taches du tapis surtout la désolaient. Elle ne s’aperçut pas qu’André, tout blême, tremblait encore, et que le bruit de son souffle emplissait la pièce.

Dès lors, mille petites souffrances d’amour-propre assaillirent Vélines. Elles l’attendaient au Palais, dans la rue, où ses confrères ne Tabor-