Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Eh bien ? fit-elle.

— Eh bien, dit Vélines affectant l’indifférence la plus parfaite, cette fois, nous avons été moins heureux : l’enfant a été attribué au père…

La vieille dame ne répondit rien. Sous le lorgnon, ses yeux lancèrent une flamme et son menton d’autoritaire frémit un peu. Elle, qui ne prononçait pas un mot sans motif, réfléchit longuement sur cet aveu. Ce fut le soir qu’elle dit à André :

— Ta femme ne devrait plus plaider. À ta place, je m’arrangerais en douceur pour qu’elle renonçât à sa carrière.

Vélines s’écria :

— Mais je n’en ai pas le droit ! Ce serait odieux !

Il ne demandait pas pourquoi ce sacrifice. Tous deux se comprenaient trop bien, et l’aïeule n’avait fait là qu’énoncer un souhait inconscient, confus, inavouable, dont le petit-fils était torturé depuis des semaines.

— Ce serait d’une brutalité révoltante ! continuait-il. Une femme comme Henriette n’est pas de celles qu’on opprime. Sa vocation m’est sacrée. Comment ! je l’ai connue jeune fille, si éprise de sa profession que riche, elle avait dû, pour s’y adonner, vaincre toutes les résistances de ses parents, de son monde ; j’ai ratifié son choix en l’épousant avocate ; et maintenant je l’arrêterais en plein essor, je rognerais sa large existence