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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/313

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de domination discrète ? Elle s’assombrit tout à coup.

— J’ai du chagrin, murmura-t-elle, très humiliée soudain de se découvrir en cette posture du mauvais riche devant le pauvre qu’il a lésé ; j’ai du chagrin de ce que vous me dites-là, chère amie. Combien je m’en voudrais, si j’étais convaincue d’avoir été la cause de vos peines !…

— Me prenez-vous pour secrétaire ? répéta Jeanne Martinal, souriant de sa propre insistance,

— Je ferais tout au monde pour vous ; je voudrais de toutes les manières vous dédommager… Et je songe aussi aux autres qui, moins bonnes que vous, m’en veulent sûrement. J’ai beaucoup d’ennemies, n’est-ce pas ?

— Non, vous n’avez pas d’ennemies… Madame Clémentin, peut-être… Pourtant, vous n’avez guère mordu dans sa clientèle de mauvais aloi. Ses plaidoiries à cent sous, pour ceux qui ne réclament pas l’assistance judiciaire, n’ont rien de commun avec votre marchandise. Quant à Louise Pernette, c’est une gamine qui n’a pas dit son dernier mot… à peine son premier… Pour les autres, celles qui plaident avec leur physique ou celles qui ne plaident pas du tout, vous n’avez pu leur porter ombrage. Non, non, ma chère ! j’étais seule en situation de devenir votre ennemie. Or, avec vos dix ans de moins que moi, je vous ai toujours considérée comme une petite confrère délicieuse et supérieure de laquelle on raffole