— Des enfants qui s’adoraient !… marmottait le vieillard, comme pour lui seul.
— Parce que j’ai accompli un acte de bravoure et de dignité personnelle, on me jette la pierre, sans savoir…
— Un couple si beau !…
— J’ai donné un exemple, comme Suzanne Marty ; d’autres femmes bénéficieront plus tard de notre attitude.
— Aboutir à cette catastrophe qu’est le divorce…
— D’ailleurs, chacun a le devoir de sauvegarder sa personnalité.
— … Après que je vous ai vue guérir ce mari miraculeusement, par quelque chose d’héroïque, de surnaturel, qui était dans votre amour d’épouse !…
Il y eut un silence. La nuit tombait : Henriette sonna pour les lampes. Elle ne souriait plus. Ce crépuscule lui rappelait sa récente arrivée à la maison paternelle. C’était le soir du 1er janvier : le salon était rempli de visites officielles, mais elle avait pu voir son père cinq minutes, seul, dans son cabinet. Elle avait renvoyé la bonne d’enfant à l’office, tenait son bébé dans ses bras, et, déterminée, hardie, manifestant une allégresse mensongère, elle avait dit :
— Père, voulez-vous nous recevoir, ma fille et moi ? Je reviens chez vous.
Le président Marcadieu croyait à une plaisan-