Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/382

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je veux être sincère avec vous… Du reste, à mon procès de divorce, je compte bien être défendue par vous, et autant vous avouer la vérité : André ne m’a pas trahie.

— Je sais, dit Fabrezan, impénétrable, les yeux clos, comme un confesseur recueilli.

— Il a toujours été parfait avec moi.

— Je sais…

— Nous aurions pu être suprêmement heureux, si un affreux sentiment ne s’était glissé dans son cœur.

Fabrezan l’arrêta d’un geste :

— Je savais tout cela bien avant vous, ma pauvre petite madame ! Je vous ai vue devenir tout d’un coup célèbre et remplir de votre nom, de votre charmant visage, les gazettes les plus illustrées. J’ai suivi l’expansion de votre talent, j’en ai même éprouvé les effets et la force, et j’ai observé parallèlement Vélines, qui était alors à la veille de monter à l’une des premières places dans l’Ordre… Eh oui, cher confrère ! Les dames méconnaissent parfois le génie de leur mari : Vélines avait du génie et l’on commençait à s’en apercevoir, et il serait aujourd’hui l’un des avocats les plus en vogue de Paris, s’il n’avait eu auprès de lui… comment dirai-je ?… tenez, tout à l’heure, par un carreau de votre fenêtre, j’admirais au zénith une charmante petite étoile frileuse, une de ces étoiles de janvier qui s’allument tôt et qui tirent les yeux de tout Paris. Dès que