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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/406

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Le petit garçon vint lentement, rigide, impénétrable. Ses lèvres féminines, leur tendresse, faisaient contraste avec la virilité du regard. Il était à la fois méfiant, craintif et intrépide

— Que veux-tu, papa ?

— Tu désirerais rentrer ce soir à Passy, n’est-ce pas, au lieu de rester ici ?

Le malheureux gamin hésita une minute. Ce qu’il allait répondre le déchirait d’avance. Henriette vit là un jeu cruel du père.

— Je n’ai pas le droit de dire ce que je préfère, avoua enfin Marcel ; d’ailleurs, je l’ignore moi-même… Je t’aime autant que maman, mais, si j’étais libre, je sais pourtant que c’est avec maman que j’irais.

— Eh bien ! fit Alembert simplement, tu t’en retourneras avec ta mère, mon enfant.

Un éclair brilla dans les yeux de Suzanne, et, tout aussitôt ses prunelles, divinement adoucies, se fixèrent sur son mari :

— Comment !… vous renoncez à vos droits ?… vous me l’abandonnez ? et définitivement ?

— Je vous ai fait assez de mal comme cela, Suzanne : je vous promets de souffrir seul… désormais.

Il entendit à peine le merci qu’elle balbutia ; mais il sentit la pression de ses doigts gantés, qu’il garda dans les siens avec ravissement. Un sanglot étouffé retentit ; puis Marcel s’en fut derrière le rideau de la fenêtre cacher ses larmes.