Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/421

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— Et, à votre sens encore, que dois-je faire ?

— Ah ! mon cher, ceci outrepasse ma compétence. J’ai déjà trop parlé. Mon petit malade m’attend : ce n’est pas ici que je devrais être. Je file.

Elle lui tendit la main.

— Ah ! dit-il, vous vous entendez aux coups de massue, vous !

Et elle partit, toute mince dans sa chemisette de soie noire, de son allure brave et droite de personne énergique à qui nul devoir ne fait peur.

Ce fut une profonde colère que Vélines ressentit tout d’abord, et le besoin de s’expliquer sur-le-champ avec Henriette. Cependant elle était revenue, et il était censé tout ignorer : alors, de quoi l’accuserait-il ? Ensuite, il se mit à imaginer ce qu’il aurait éprouvé à ne voir, en rentrant chez lui, ni son enfant, ni sa compagne.

« Eh ! après tout, songea-t-il avec un geste d’humeur, pourquoi n’est-elle pas restée là-bas ! »

Et il se représentait une vie de célibataire, indépendante, large, glorieuse, avec son seul mérite pour toute joie.

Mais, l’instant d’après, il avait pris son pardessus, son chapeau, sa serviette et s’acheminait vers le Palais, poussé par une irrésistible envie de contempler sa femme, de s’assurer en quelque sorte de sa présence réelle, de constater qu’elle était toujours à lui, car la pensée qu’une semaine durant il l’avait, sans le soupçonner, réellement