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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/447

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tance de l’affaire, exalteraient son talent, la soulèveraient au-dessus d’elle-même. La perspective des assises, où elle n’avait encore jamais plaidé qu’une fois, achevait de l’enivrer. Et elle se repaissait de son succès, elle s’y délectait en face de son mari qui, ne disant rien, avait, en prenant son verre, un petit tremblement…

Le lendemain, au réveil, cette chaleur de vanité, analogue à une poussée de température chez un nerveux, était tombée. La sereine Henriette, si maîtresse d’elle-même, s’était ressaisie. Elle analysa, cette fois, non point son propre cas, mais celui d’André, cet ambitieux passionné qui, dans le demi-oubli où le public laissait sa valeur, voyait se préparer lentement l’apothéose de sa femme.

« Mais, pensa-t-elle soudain, dans un éclair de lucidité, c’est un supplice atroce pour un homme orgueilleux !… »

Elle ne lui tint pas rancune pour ce qu’elle lui prêtait d’irritation secrète. Elle se souvenait de sa visite chez Louise et de ce qu’elle avait dit là. Cependant, à huit heures, la femme de chambre lui apporta, en même temps que le thé, un amas de journaux.

— Monsieur envoie cela à madame.

Elle déplia les journaux : tous racontaient sa visite à Saint-Lazare. Elle avait même été photographiée par un reporter, à son entrée dans la prison. Plusieurs feuilles reproduisaient le même