Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/92

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rations, les divorces, les attributions d’enfants se bâclaient ; puis, c’étaient les procès en indemnités, les procès d’héritages, de contrats commerciaux. À la cour, là-haut, où l’on jugeait en second ressort, les débats languissaient, se prolongeaient dans le mâchonnement des conseillers ennuyés et las. Mais aux assises, parmi la pompe judiciaire, on revivait d’anciens drames, savamment, minutieusement reconstitués devant une foule frémissante. Et partout, dans chacune des chambres, c’était le même ronronnement banal de l’avocat, son inutile effort devant des magistrats méfiants qui, dans leur commune poursuite de l’équité relative, se gardent de lui, cherchant en eux-mêmes la vérité et la justice.

« Ah ! se disait Vélines, frémissant, être la grande voix qu’on écoute, être la vérité flamboyante, être une lumière ! »

Soudain, à droite, ses larges grilles ouvertes, avec son air de chapelle aux fresques légères, aux enfoncements mystérieux, ce fut la galerie Saint-Louis, profonde, gracieuse, comme un coin de fraîcheur naïve dans le morne et sombre monument. Machinalement, Vélines y jeta les yeux et il sourit. Le municipal de planton tournait le dos gentiment, et, sur l’une des banquettes, la grande Louise Pernette en robe, les lèvres décloses, écoutait Maurice Servais qui lui parlait très bas. Et tous deux avaient leurs serviettes, bourrées de dossiers, béantes sur leurs genoux, et tous deux