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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/98

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grave, et ce plaisir, il allait le prendre en pleine ivresse nuptiale, joignant à la nouveauté, à la fraicheur de ce beau voyage, la nouveauté, la fraîcheur d’aimer pour la première fois. Mais il était entièrement dévoué à Henriette, dévoué comme peu d’hommes savent l’être. Il éprouvait, à lui voir entre les mains cette cause trop lourde, la joie d’une mère qui laisse à son enfant gâté un objet de luxe, rare et précieux, dont il a eu envie, quitte à en faire le sacrifice.

— Nous passerons huit jours seulement en Écosse, déclara-t-il, sans pouvoir absolument cacher son regret. Je n’existe que pour vous, Henriette, et je n’ignore pas l’intérêt que vous prenez à votre métier… Et puis, il faut avouer qu’une affaire de ce calibre-là ne se rencontre pas tous les jours dans la manche d’un stagiaire Qui aurez-vous pour adversaire, chérie ?

Elle dit en rougissant :

— Fabrezan.

Cette fois, André eut un haut-le-corps :

— Le bâtonnier !

Et il contemplait de nouveau Henriette, sa mignonne beauté de blonde, son air ingénu, s’obstinant à ne voir en elle qu’une petite fille spirituelle et avisée. Lutter contre Fabrezan, lorsqu’on n’était qu’Henriette, cela lui paraissait quelque chose de risible, d’impossible. Puis, à la fin, il eut un geste de complaisance, de consentement :