Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vieilli qui aurait mis une jupe, avait pris le bras de Nelly Darche. Blanche Arnaud et l’Anglaise accaparaient madame Houchemagne. La jeune madame Vaupalier, l’ancien modèle si connu sous le nom de Dudu, ouvrait de grands yeux tout en parcourant les allées, trouvant joliment drôle que des gens riches fussent venus se loger dans ce trou de silence qui ressemblait à un couvent. Vaupalier échangeait avec Pierre Fontœuvre ses impressions sur les valeurs des feuillages. Quant à Nugues, on voyait partout à la fois sa longue chevelure rousse, sa barbe rutilante et son éternel complet de velours bleu ; il montrait les angles des murs, chaque tronc d’arbre, le lierre du pignon, le cintre des fenêtres, jusqu’à un plant de primevère égaré dans ce jardin trop ombreux et humide pour produire des fleurs. Il se donnait des airs, ayant trouvé cette maison, d’en être le propriétaire ; il la vantait, la mettait en valeur comme s’il eût été chargé de la vendre.

— Monsieur Addeghem, dit Jeanne, voulez-vous maintenant visiter l’intérieur ?

Et, après un premier tour dans le jardin, elle entraîna ainsi tout son monde vers la maison. Au rez-de-chaussée, avec la salle à manger, était un petit parloir où Jeanne résidait d’ordinaire l’après-midi. On l’avait meublé simplement de sièges légers, de petites tables, et tout autour, jusqu’à la hauteur de la cimaise, courait un rayonnage où la jeune femme avait rangé ses