Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/234

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— Ah ! Marcelle, qu’avons-nous fait ! qu’avons-nous fait !

Mais elle, droite et sévère, un léger tremblement aux lèvres, et d’une voix qu’une secrète colère altérait :

— Odieux, maudit, notre amour ? Je me demande pourquoi. Quel mal faisons-nous ? Cousine Jeanne ne pourra jamais savoir et n’aura nul chagrin ; alors ? C’est bon de s’aimer. Si tu m’avais repoussée, je serais morte à présent.

Et, s’agenouillant tout près de lui pour le reprendre, elle ajouta plus doucement :

— Comment peux-tu trouver une honte à notre tendresse !

Il la contempla longuement, et de nouveau l’attirant dans ses bras :

— Ma pauvre petite fille, c’est moi seul qui suis coupable ; toi, tu ne savais pas ; tu me faisais le don de ton amour comme un petit enfant offre son sourire. C’est moi, l’homme conscient et averti, qui ai seul péché. Tu es pour moi au-dessus de toutes les femmes ; pour que tu sois heureuse, je consens à n’être toute ma vie qu’un misérable.

— Tu me reprocheras souvent notre pauvre amour…

— Non, Marcelle, jamais ; je souffrirai seul.

— Si je suis venue te faire souffrir, autant disparaître. Veux-tu ?… dis un mot, ce ne sera pas long.