Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/312

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— Que puis-je te dire… je suis celle que tu n’aimes plus !

— C’est pour toi que je suis revenu cependant ; c’est pour toi que je laisse l’Autre mourir de douleur.

— Tu n’as obéi qu’aux contraintes de ta conscience, pas à ton cœur.

— Veux-tu que je retourne à celle qui m’appelle ? s’écria-t-il en se relevant.

Elle le saisit aux poignets, impérieuse :

— Non !

Des journées affreuses suivirent. Malgré l’expiation volontaire, librement acceptée, toutes les conséquences de l’adultère continuaient à se développer cruellement avec une logique impitoyable. Nicolas, Marcelle et Jeanne enduraient chacun leur martyre. Jeanne, malgré son masque de sérénité, connaissait les pires tourments de la femme trahie. Sous ses yeux, Nicolas se débattait lamentablement contre la passion qui le possédait ; elle devinait toute sa pitié, toute sa tendresse pour l’Autre. Et la noble imagination de cette jeune femme si pure s’épuisait en représentations de la créature indigne, un modèle peut-être, peut-être pis encore.

Un soir, à table, elle dit à son mari :

— J’ai vu les Fontœuvre. Jenny m’avait fait prier de passer chez elle ; c’était pour un petit service d’argent. Pierre Fontœuvre ne pense qu’à organiser son exposition chez les fils Vaugon-Denis. Il ne lui manque plus que les fonds, et tu