Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/367

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Marcelle, toujours aisément soumise à la parole de Nicolas. Pour moi rien, je te le jure, ne serait capable de m’ôter à toi, aucune puissance, aucune menace, aucune crainte. Je suis à toi pour toujours.

— Il y a la mort, dit Nicolas en frissonnant, je pourrais té perdre…

— Moi, mourir ?

C’était le cri de ses dix-huit ans, de sa jeunesse, de sa santé, de sa force. Pour Nicolas, à cette pensée, il tremblait de douleur devant elle.

— Nous nous aimons trop, vois-tu, reprit-il, si accablé et si brisé qu’il dut s’asseoir. J’ai des pressentiments affreux. Un tel bonheur n’est pas de ce monde : un tel bonheur ne peut s’allier avec notre faute. Nous serons punis, Marcelle, il faudra nous quitter.

Et elle s’efforçait à le distraire de ces idées noires en lui parlant du tableau qu’elle préparait à cette époque, en lui montrant ses esquisses. Jamais Nicolas n’était complètement satisfait. Jamais il ne trouvait aux études assez d’originalité. Il pressait et torturait ce jeune talent pour le forcer à produire une œuvre personnelle, sortie du cœur. Mais ce jour-là, il semblait indifférent à tout ce qui n’était pas sa secrète terreur. Ne voulut-il pas, avant de laisser partir la jeune fille, lui arracher la promesse qu’elle ne sortirait plus jamais à pied !

— … Car, lui disait-il, je ne crains pas pour