Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/397

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avait quelque chose de farouche dans son désir de sauver Nicolas. L’espérance ne l’abandonnait pas complètement. La première impression du malade qui vit ses mains emprisonnées dans celles de Jeanne, fut qu’il tenait d’elle ces derniers instants qu’on lui permettait encore.

Alors une obsession nouvelle le hanta. La faute qui l’empoisonnait, elle prenait forme, elle l’alourdissait, l’étouffait ; c’était comme un corps étranger qu’il aurait voulu vomir. Le besoin de l’aveu qui l’avait souvent torturé, et qu’il ne pouvait satisfaire alors qu’il chérissait toujours jusqu’au goût de son péché, le travaillait de nouveau ; mais il s’analysait encore, ne sachant s’il avait une foi suffisante en la divinité du prêtre, et un détachement véritable de Marcelle. Qu’un miracle le mit debout soudain, est-ce qu’il ne courrait pas aux chambres blanches, là-bas, pour l’étreindre plus fort que jamais, et sa confession serait-elle autre chose que la confidence humaine d’un cœur qui se décharge ?

La température s’était une fois de plus abaissée ; il pensait doucement, intensivement, sereinement. Et la voix intérieure lui disait que sa fin ne serait vraiment digne et sa vie complète, qu’après cet acte nécessaire. Sa curiosité des choses mystiques et la dilection qu’il avait toujours eue pour le monde spirituel, avaient été comme les ailes qui le portaient irrésistiblement aujourd’hui à des certitudes religieuses, à la soumission aux pratiques