Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/45

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terné ; il se baissa ; c’était l’écrasement complet, le petit corps automatique défoncé, les rouages sortant, pareils à des entrailles de cuivre. Au cri de l’enfant, tout le monde était accouru ; Houchemagne s’était agenouillé, tenant toujours les débris vêtus de satin vert. Auprès de lui, Marcelle, raide et impénétrable, ne versait pas une larme. Les autres faisaient cercle. Houchemagne dit :

— La pauvre petite ! la pauvre petite !

Il était vraiment très chagriné ; ce rugissement d’enfant lui était allé au cœur. N’était-ce pas pitié d’avoir peiné cette jolie petite fille ? Il la contemplait ; il analysait en peintre ces joues potelées, ces yeux verts à la vie intense. À la fin, il prit doucement la main de la fillette, demandant si elle voulait lui pardonner. Mais aussitôt, les yeux verts s’emplirent de méchanceté, l’enfant tira la langue au peintre et s’enfuit derrière un paravent. Ce fut si preste et si comique en même temps, que le gros rire d’Addeghem éclata en claironnement, et Nelly Darche aussi riait si fort que son lorgnon alla se briser à terre. Les Fontœuvre étaient vexés, Juliette Angeloup criait :

— Tu en auras une autre, ma mignonne !

Houchemagne dit à Nugues :

— J’aime mieux ça que des pleurs. Je ne peux pas voir un enfant pleurer.

Mais Nugues, confidentiellement, répliqua :

— Bah ! ne vous agitez donc pas tant ! c’est une