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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/63

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— Quand je veux, il faut que Minette cède. Dans le cabinet de toilette, Jenny confia tout bas à son mari :

— Cette enfant m’inquiète. Je doute qu’elle ait du cœur. As-tu vu comme elle est restée insensible tout à l’heure ?

— Allons donc ! fit le père, elle était blême. C’est par fierté qu’elle a retenu ses larmes, mais elle était prête à défaillir.

— Et quelle violence, continua la jeune femme, quelle passion dans ses désirs, quelle ardeur pour les réaliser ! Tu l’as entendue prononcer : Je voulais. Ah ! je crains de ne pas savoir l’élever. Maman, voilà une femme qui sait s’y prendre. Elle a fait d’Hélène un petit ange. Mais Marcelle !…

— Je te dis que Marcelle a une nature superbe, riche, vibrante, pleine de ressources. Ce sera quelqu’un, cette enfant-là ! Laisse venir les années ; quand la raison aura discipliné toutes ces forces vitales qui sont en elle, tu verras la femme qu’elle fera !

— Ah ! rien ne la disciplinera. Maman, elle, l’aurait élevée dans la religion. On prépare Hélène à sa première communion. Cela donne des scrupules aux enfants, les habitue à écouter sans cesse leur conscience, les oblige à se dompter. Mais moi, dans toutes ces histoires, je ne vois que de jolies légendes ; j’adore ces mystères ; mais de quel droit enseigner à ses enfants, comme vérité irréfutable, ce que l’on considère soi-même