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Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/107

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IV

Depuis la veille, ils étaient trois dans la chambre dont la fenêtre s’ouvrait ce matin à un doux soleil levant de juin. Depuis la veille, un petit personnage avait pris possession de ce domaine conjugal réservé jusqu’ici aux deux êtres qui semblaient se réfléchir l’un l’autre comme dans une glace. Et le nouveau venu n’avait pas apporté le trouble dans la tranquillité, le tête-à-tête si étroit, si absolu du couple qui dormait là jusqu’ici dans une union parfaite. Tous trois respiraient avec aisance dans cet espace qui ne s’était pas élargi pour l’intrus. C’était un mystère. Rien n’avait changé entre eux et tout allait être transformé. Ils étaient bouleversés et une paix suprême accompagnait la révolution profonde de leur vie.

Depuis la veille où Geneviève était revenue de la clinique avec un beau garçon de cinq kilos, aux reins larges, aux yeux bleus comme ceux du grand-père de Concarneau, cette chambre un peu étroite aux meubles légers achetés en fabrique, s’était emplie de sérénité. Comme si l’union d’un mari et d’une femme devait être mieux équilibrée sur trois bases que sur deux. Cette impression de solidité, d’une sorte de trinité dans la dualité, Denis Rousselière ne l’avait pas communiquée à Geneviève, ni Geneviève à Denis ; ils ne se disaient pas grand’chose, mais souvent ils se penchaient tous deux sur le berceau pour regarder ensemble cette