tait à son flanc ce petit enfant qui serait un jour un homme plein de force, lui devant sa vie, il pensait, ivre de joie, à cette succession de jours heureux qu’ils passeraient, sa femme et lui, à faire un être noble et fier de cette chère larve, inconsciente aujourd’hui, Parfois son émotion était si grande alors en regardant Geneviève, son associée dans cette belle existence, qu’il ne pouvait que murmurer : « Ma femme ! Ma femme ! » Ensuite il était comme honteux des puérilités de sa tendresse :
— Tu ne me trouves pas ridicule, dis ?
Et Geneviève souriant avec sa réserve ordinaire à ces élans exubérants du Provençal, murmurait :
— Ne t’excuse pas, chéri. C’est comme cela que je t’aime moi aussi ; mais moi, je ne sais pas si bien te le faire sentir.
Devant la fuite des jours, ils avaient la même impression qu’on éprouvait jadis devant les sabliers du vieux temps, où il semble toujours que le sable, trop uni et trop lisse, glisse plus vite que de raison.
Après ce mois à la mer pendant lequel ils ne s’étaient guère écartés de leur hôtel ni de la grève, les semaines qu’ils passèrent à la maison où le congé de Geneviève lui permettait encore de demeurer, parurent s’écouler avec plus de rapidité encore. La vie rêvée par Denis se réalisait alors d’une façon provisoire mais bien douce. Il lui semblait qu’il y avait quelque chose d’éternel, de biblique, de nécessaire dans ces deux courses au foyer qu’il faisait chaque jour. Et cependant il n’avait plus comme naguère Geneviève à son bras. Mais c’est vers elle qu’il se hâtait. Le désir de la retrouver à la maison lui paraissait plus délicieux que de l’entraîner à travers les rues boueuses ou les couloirs du métro. Et quoi de