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Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/129

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bien ainsi. Sa femme et celle de son ami lui paraissaient si différentes que, à l’image de certaines œuvres d’art qui se nuisent l’une l’autre dès qu’on les rapproche, elles aussi semblaient perdre un peu de leur valeur propre à se trouver ensemble.

Un taxi, et il fut boulevard des Invalides, dans l’appartement aux boiseries blanches où le jour était si doucement clair.

— Oh ! pourquoi Geneviève n’est-elle pas venue ? s’écria Denise, désappointée.

Rousselière, en excusant sa femme, éprouvait un inconscient plaisir à contempler ce calme enfantin de Denise. Aucune gravité dans sa sagesse. Rien d’une femme supérieure. Et cependant il y avait de la lumière dans toutes ses pensées. Comme Denis imputait l’absence de Geneviève aux comptes du ménage qu’elle ne pouvait réviser que le dimanche, elle lui dit :

— Vous savez, elle est admirable, cette créature-là ! Je n’en ai jamais rencontré de si complète. Vous autres hommes vous ne pouvez réaliser comme moi les tours de force qu’elle accomplit pour tenir sa maison comme elle le fait, tout en donnant au bureau un effort qui étonne les gens. Oui, oui, mon cher ; elle étonne les gens. Mon mari m’a raconté tout au long cette histoire des dossiers emmêlés et partis dans ce désordre ! C’était, paraît-il, plus obscur encore qu’on ne croyait du fait qu’il n’y avait pas qu’une seule préfecture intéressée…

— En effet, acquiesça Denis, des pièces avaient été glissées dans une chemise concernant un autre département voisin. Je me demande quel est l’idiot…

— Où l’idiote, plaisanta Denise.

— Ou le mal intentionné ? ajouta Rousselière.

Et tous les trois, replongés pour un instant