Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/175

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time qu’il portait à Denis embellissait cette intimité. Il était fier que Denis, qui possédait une femme tellement supérieure à Denise, ne négligeât point les qualités modestes mais exquises qu’il y avait dans la sienne.

— Excuse-moi, mon vieux ; j’ai un stylo en réparation que je dois aller reprendre là-bas. Mais tu vas trouver Denise, qui a beaucoup d’amitié pour toi et sera ravie de te voir.

Denis s’élança dans l’escalier qu’il gravit avec une prestesse d’adolescent. Denise vint ouvrir. Elle croyait trouver Charleman. C’était Rousselière. Elle lui adressa un sourire de petite fille plus confiante avec lui qu’avec un de ses frères.

— Qui me vaut votre visite ce soir ? Vous arrivez à la place de Jean ?

— Jean court après un certain stylo, je crois. Je le précède de quelques instants, parce que j’avais un grand besoin de vous voir, véritablement.

— Oh ! Rousselière, mais que puis-je pour vous ?

— Comment une pauvre petite femme sans valeur comme moi peut-elle vous être utile ?

— Vous savez bien que je vous ai appelée un jour « Notre-Dame du Bon Conseil ». Vous êtes la Raison même, Denise. Vous ne dites pas un mot, vous n’accomplissez pas un acte qui ne soit dans l’ordre, dans la vérité, dans une science admirable de la vie.

— Pouvez-vous dire cela de moi, quand vous possédez une femme comme Geneviève, si intelligente, si capable, si noble et qui sait tout ?

— Ah ! Geneviève oui, elle possède des diplômes. Mais elle ne sait pas tout, elle ignore parfois ce qui est l’essentiel dans l’existence.

Et Denise, étonnée, vit le mari de Geneviève prendre son front dans ses mains et s’effondrer