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Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/201

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Denis, mais tout de même un peu automatique.

— Que veux-tu mon cher, reprenait Charleman qui était venu saluer le nouveau-né, c’est la série…

— Vous la jugez très faussement, tranchait là-dessus Geneviève. Vous ne voyez pas que c’est une jeune fille qui cache soigneusement sa personnalité derrière sa fonction ? Nurse elle est, professionnellement, nurse elle doit uniquement paraître à nos yeux. Le reste d’elle-même ne nous appartient pas.

Le drame, à ce moment, se joua principalement dans la substance encore si tendre du cœur du petit Pierre qui passait des mains rhumatisantes de sa chère Poulut aux gestes parfumés de lavande de la jeune étrangère. Son petit nez épaté collé à la porte de la « nursery », comme on nommait sa nouvelle chambre, le visage ruisselant de pleurs, il demeurait avec une persévérance inlassable des quarts d’heure entiers à appeler d’une poitrine convulsée de lourds sanglots : « Poulut ! Poulut ! » La méthode de Mlle Hedwige qui était de s’appuyer sur l’action du temps lui commandait de rester alors insensible à la violence de ses scènes, pendant lesquelles, sans la moindre impatience, elle finissait d’ourler les choses du trousseau de Jacques laissé inachevé par Mme Sous-Chef avant son départ pour la clinique.

Parfois les cris déchirants de l’aîné alarmaient cette dernière qui ne pouvait s’empêcher d’accourir.

— Que Madame ne s’inquiète pas, déclarait alors la placide Hedwige. C’est Pierre qui appelle son ancienne bonne.

Mais pour inappréciable que fût la blessure au fond de cette petite âme de deux ans, la mère qui sommeillait souvent chez Geneviève se réveil-