Aller au contenu

Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Cela va se décider demain ; ce soir peut-être, papa, dit-elle d’un ton désespéré comme pour l’attendrir, tempérer sa rigueur.

— Eh bien ! ma petite fille, je suis content. Il le fallait, vois-tu. Nous ne t’avons pas donné de dot. Nous t’aiderons un peu. Tout ira très bien, tu verras. Je suis content.

C’est ainsi que sans plus de débats, ni plus de drames, fut résolue l’abdication de Mme Sous-Chef.

Dieu ! Qu’elle avait hâte à présent de retrouver cette sorte d’appui fraternel cet épaulement de deux âmes jumelées que, dans le mariage, en dehors de l’amour, il est si doux à une femme de sentir près de son mari ! Geneviève avait toujours été la compagne bien amoureuse de Denis. Ce soir, elle se sentait sa sœur, la sœur pure et généreuse qui était sortie d’elle-même, de son égoïsme, de sa personnalité pour s’associer à des vues, à des conceptions qui n’étaient pas les siennes, mais celles de ce frère intime. Ce n’était pas dans un entraînement passionné qu’elle se sacrifiait elle-. même comme les héroïnes des grandes tragédies classiques. C’était froidement, lucidement, consciemment, pour être plus totalement mère, mais aussi pour être davantage dans le mariage l’amie, la compagne, la sœur de son mari. Tout le contrepoids nécessaire à son abnégation elle le trouvait dans l’espoir d’une vie plus heureuse qu’elle allait donner à Denis.

Grâce au taxi, elle fut la première à la maison. Mlle Hedwige avait baigné les enfants, mais le petit Pierre n’avait pas encore dîné. Il montra beaucoup de joie. Mais c’est Geneviève qui en eut le plus dans cette seconde presque sacrée où elle