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Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/63

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— Oh ! madame, que vous êtes bonne et que je vous aimerai !

Le plus ému fut le principal du notaire. Ce descendant de marins tombé dans la basoche, quand il vit sa fille chérie caressée et mignotée par cette charmante dame du Midi, ne put retenir ses larmes. On le vit passer rapidement sur ses petits yeux perçants d’homme de quart hérités de ses ancêtres son grand mouchoir d’autrefois, pendant que sa « bonne femme », comme il disait avec respect et tendresse, allait à la cuisine chercher le plateau de thé tout préparé.

Ce fut un très bel après-midi, une de ces rencontres qui laissent dans la mémoire des gens un noble tableau serein et riant. Tous ceux qui avaient servi à le composer devaient éternellement s’en souvenir et le revoir — lumineux et plein de promesses heureuses — au milieu des drames de la vie. Geneviève et sa mère passaient le thé. Parce que les hommes sont curieux les uns des autres, Rousselière s’accrocha à son beau-père de demain et n’en démordit plus. Le vieux clerc de notaire parla des parties de pêche qu’on fait du côté de Douarnenez ; Denis, des promenades aux Îles d’Or, joie de ses vacances. Ils discutaient des engins et des appâts, — et c’était à qui des deux possédait la mer la plus poissonneuse, — pendant que Mme Rousselière, en souvenir de Denis enfant, faisait mille frais pour les frères de Geneviève, les apprivoisait, se laissait raconter par Pierre, l’aîné, celui qui préparait Saint-Cyr, l’inauguration de l’Exposition coloniale.

Quand les Rousselière prirent congé, on avait fixé la date du mariage pour le début de juillet à cause des vacances dont pourraient jouir à cette époque les jeunes époux fonctionnaires ; et l’on était allé jusqu’à délimiter sur le plan de Paris