Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/65

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sport charmant dont ils se flattaient de jouir beaucoup. Ils furent vite déçus. C’était la grande crise des loyers. Les quartiers qu’ils s’étaient d’avance dévolus avec assurance ne leur offraient que de petits logements sans air ni confort. Il fallut élargir le rayon fixé. Ils tombèrent un soir orageux de juin sur une maison neuve de la Porte de Saint-Cloud qui sentait délicieusement le plâtre et la peinture. C’était fort loin du ministère mais il y avait encore un soleil horizontal et brûlant dardant obliquement sur le balcon au septième d’où l’on apercevait les coteaux de Meudon. L’appartement comprenait une vaste pièce inondée de lumière et plusieurs petites auxquelles il était licite de donner tous les noms étrangers que l’on voudrait, mais où l’on pouvait loger une famille entière. Une sorte d’angoisse commençait à les tourmenter sourdement à la pensée de ne pouvoir jamais se marier faute de maison. Celle-ci, par ce ciel fantastique où roulaient en même temps le soleil et de noirs nuages, leur sembla étrange, pleine de poésie, presque féerique. Ils s’entreregardèrent, mordus tous deux du même désir de louer sur-le-champ.

— C’est à une demi-heure du Ministère, objecta cependant Rousselière.

— Nous déjeunerons ensemble au restaurant, repartit Geneviève.

— C’est dommage, soupira le fiancé ; on est si bien chez soi.

— Vous êtes drôle, dit Geneviève. Moi, le restaurant, j’adore cela.

— Alors, on signe ?

— Nous ne trouverons jamais mieux — et il ne nous reste plus qu’un mois avant d’emménager.

Ils signèrent, plus enivrés de bonheur que jamais depuis que leur idéale vie conjugale avait trouvé