Aller au contenu

Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Toutes les concessions lui furent bonnes. Il loua le fromage, trouva un goût exquis à l’entremets. Pour le café, il n’en avait jamais bu de meilleur. Mais Geneviève demeurait sévère. Dans la rue, il prit timidement son bras ; mais aucun signe tendre ne répondit à son repentir. Rien n’est plus embarrassant pour un jeune mari que le courroux d’une femme susceptible. Jusqu’au Ministère, ils n’échangèrent pas deux paroles. Il en était à se demander : « Que doit-on faire en pareil cas ? »

Mais les circonstances vinrent à son secours. Comme dans le même après-midi il compulsait un dossier avant de rédiger une réponse pour une affaire en litige, un de ses collègues lui dit à l’oreille au passage :

— Il va y avoir un mouvement administratif dans le bureau. On dit que le chef passe à la quatrième Direction. C’est encore tout à fait nouveau. Ne le répétez pas. Ça va créer ici un appel d’air. Moi je suis au tableau depuis dix-huit mois déjà. Moi pas encore, avoua Rousselière avec simplicité. Mais ma femme y est inscrite depuis un an.

— Ah ! dit le collègue, c’est une haute valeur que vous avez épousée, mon cher !

— Ma foi, répliqua le jeune mari, avec toute sa charmante modestie, j’avoue que tous les jours je suis davantage de votre avis.

— Cette Braspartz, comme nous disions autrefois, reprit l’autre, elle nous dépassera tous, vous verrez.

Une telle louange de celle qu’il aimait était au mari comme une coupe de champagne. Pour lui-même, aucune ambition. Bureaucrate par nécessité, ponctuel par conscience, de l’avancement il n’avait cure. Mais ce fils de poète cachait dans son pupitre des feuilles volantes à l’en-tête, administratif, où