Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/103

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Et l’on revoit la figure effacée, timide et silencieuse de M. Robert, ses yeux muets et ardents en son visage bilieux.

— Il n’a jamais eu de chance ! prononce le libraire.

— Un garçon si doux ! renchérit madame Duval.

— Et qui aimait tant Édith ! ajoute Louise.

Un silence reprend, mouillé de larmes furtives. Des Assernes est resté rêveur. Il pense à cette armée déjeunes hommes dont lui-même, avant la guerre, avait déploré le mesquin horizon, et les ambitions petites. « Paladins ! Paladins ! se dit-il maintenant, tout grisé d’une mélancolique émotion ; qui s’était donc trompé, de vous ou de nous-mêmes ? Nous avons, nous autres, commis le péché de ne pas croire en vous, et de vous méconnaître, et de penser la France déchue. Et voici que vous montez maintenant chaque jour dans la gloire. Hélas ! y resterez-vous tous ? n’en reviendra-t-il pas ? »

— Vous rappelez-vous, dit en soupirant l’excellente madame Duval, vous rappelez-vous le jour où il avait attrapé ce brochet de quatre livres ?